1. L’île et les paysages

Sainte-Hélène est l’une des terres les plus isolées du monde : il s’agit d’une petite île volcanique de 122 km2, perdue dans l’océan Atlantique à plus de 2000 kilomètres des côtes africaines.
Entre les représentations parfois idylliques de l’île et les réalités d’un climat inhospitalier, Napoléon à Sainte-Hélène propose d’appréhender le dernier décor de l’aventure napoléonienne. A travers des cartes et des vues d’époque, le visiteur est invité à suivre le chemin de l’Empereur, depuis les reliefs hérissés et hostiles du martyre de Sainte-Hélène, abondamment représentés dans les estampes de l’époque, jusqu’aux plateaux humides de Longwood où la mort succède à l’ennui.

2. Conditions matérielles de l'exil

Napoléon parvient, malgré la précipitation de son départ, à emporter avec lui de nombreux meubles et objets du palais. Ces pièces sont exécutées par les plus grands artistes et artisans de l’époque, à l’instar de l’athénienne de Biennais, du service particulier de la manufacture impériale de Sèvres, ou encore des miniatures sur ivoire peintes avec minutie par Isabey. Il emporte également des objets à valeur de souvenir, à commencer par son lit de campagne qui l’a accompagné dans ses plus grandes victoires, et qui, s’il n’est pas doré à l’or fin, présente un design ingénieux que les visiteurs sauront apprécier.
A Longwood, ces trésors, vestiges du faste impérial, entrent en résonance avec les conditions de vie d’un prisonnier à qui l’on fournit un mobilier simple voire rudimentaire, collecté sur place ou confectionné avec les moyens du bord. La simple juxtaposition de ces objets offre au spectateur l’image même de l’ambiguïté insoluble... du statut et de l’existence d’un empereur déchu.

3. Essor de la légende

La maison de Longwood est le théâtre de la dernière bataille de l’Empereur, celle de la conquête de la postérité. Contredisant l’adage qui veut que l’histoire soit écrite par les seuls vainqueurs, Napoléon se lance dans l’écriture de sa propre légende. Pour cela, il peut compter sur le jeune Las Cases, scribe infatigable, convoqué à toute heure du jour et de la nuit pour coucher sur le papier les gloires passées de l’Empereur mais aussi les tribulations de ses dernières années. Cette frénésie d’écriture aboutit au Mémorial de Sainte-Hélène, « best-seller » qui eut un écho politique retentissant sur l’Europe du XIXe siècle. L’exposition s’attache à présenter les écrits de Sainte-Hélène, ceux dictés par l’Empereur, mais également les témoignages de ses compagnons d’exil qui participent de l’élaboration et de l’essor de la légende.
Ainsi, sur les rochers escarpés de Sainte-Hélène, naquit la figure d’un Napoléon écrivain de génie, luttant contre l’oubli.