Dans les coulisses de Guerres secrètes - épisode 2

La préparation de la prochaine exposition temporaire du musée bat son plein. Après vous avoir dévoilé dans le dernier numéro de l’Écho du Dôme quelques pièces de la remarquable collection du Combined  Military Services Museum de Maldon, en Angleterre, qui seront présentées à partir du 15 octobre, nous levons un peu plus le voile sur les autres objets que vous retrouverez dans l’exposition.

par Dominique Soulier, collection du plan Sussex 1944, MM Park

Un peu d’histoire

Les agents du réseau Sussex furent les précurseurs des actuels services secrets. Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, les grands réseaux de renseignements subissaient des pertes nombreuses  et risquaient d’être entièrement anéantis avant le jour J. C’est pourquoi l’étatmajor du Général Eisenhower imagina en mars 1943 un plan franco-américano-britannique baptisé « Plan Sussex », visant à  mettre en place des agents parachutés en civil dans toutes les régions situées au nord de la Loire, potentielles zones de combats. Ces équipes, composées de deux officiers français, un observateur et un  radio, devaient fournir en temps réel aux Alliés, pendant et après le débarquement, des informations sur l’état moral des troupes allemandes, ses ordres de bataille, ses mouvements, ses dépôts de  matériels et de munitions...

118 hommes et 2 femmes volontaires, âgés pour la plupart de 17 à 26 ans, furent recrutés au sein de la France libre. Ces agents furent mutés au Bureau central de renseignements et d’action (BCRA),  services secrets de la France libre. Leur instruction fut menée par des Britanniques de l’Intelligence Service (IS) et des Américains de l’Office of Strategic Service (OSS) à l’école de «Praewood House»,  dans la banlieue de Londres. Au programme : activité physique, tir, close combat, connaissance des matériels ennemis, sabotage, topographie et orientation, cours de cryptographie et, pour finir, stage  parachutiste.

Entre février et septembre 1944, les équipes Sussex ont effectué 53 missions en France occupée, en tenue civile pour se fondre dans la population locale. Dix de ces agents ont disparu en mission.

L’équipement

Chaque agent Sussex était muni d’un équipement très complet pour sa mission en territoire occupé : 2 postes émetteurs - récepteurs « SSTR1 » américains ou « Mark 7 » anglais pour communiquer avec  Londres, 1 pistolet Colt 45 calibre 11. 43 avec 50 cartouches, 1 dague de commando FS, 1 stylo lance-gaz lacrymogène, 2 grenades, des cartes routières de la région, 1 télescope de poche, 1 couteau  d’évasion multilames, 1 boussole, des pilules K permettant de rester éveiller plusieurs jours d’affilée, 1 pilule de cyanure à absorber en cas d’arrestation, pour échapper à la torture.

Quelques éléments de cet équipement seront présentés dans l’exposition Guerres secrètes, qui bénéficie du prêt exceptionnel d’une partie de la collection Sussex, unique en Europe.

Rasoir avec manche évidé permettant de cacher un message et ayant appartenu à Raymond Moquet, alias Dumont, mission «Daru». © musée de l’Armée, dist. RMN-GP

La collection Sussex rassemble plus de 400 objets et souvenirs originaux et inédits à l’histoire du renseignement et de l’espionnage de la France Libre, au sein du MM Park, espace dédié à la Seconde  Guerre mondiale sur plus de 7 000 m2.
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