Une épave livre ses secrets...

Caisson à munitions sur le site. Langeais-Bel-Air 2017 - Site 37.123.021 AH. Photo Philippe Jugé © PCR Épaves et naufrages.
 

Christophe Pommier, conservateur-adjoint département artillerie, musée de l’Armée Virginie Serna, conservateur en chef du patrimoine, ministère de la Culture. 

En août 2015, la Loire atteignant un niveau exceptionnellement bas, l’épave d’un chaland de Loire - grand bateau de transport fluvial - a émergé. Sa cargaison comprenait plusieurs objets d’ordre militaire : des boulets de différents calibres ainsi que du mobilier s’apparentant à des caissons à munitions d’artillerie. Si leur extraction n’est pas actuellement envisagée pour des questions principalement techniques, ils ont pu faire l’objet d’un étude approfondie.

Une expertise du site et de l’épave a été menée par l’équipe du projet collectif de recherche « Épaves et naufrages en eau douce depuis le haut Moyen Âge. Archéologie d’une réalité nautique au sein du paysage ligérien » sous la direction de Virginie Serna, conservateur en chef du patrimoine, ministère de la Culture.

Le département artillerie a été sollicité afin d’identifier les caissons. Après étude des photographies et relevés transmis, il est apparu qu’il s’agissait de caissons à munitions de campagne du système Gribeauval (fin XVIIIe,début XIXe siècle), confirmant ainsi la date relevée par le procès-verbal d’avarie : 15 Ventôse an 3. Les boulets et les caissons d’artillerie provenaient vraisemblablement des forges de Guérigny, Nevers ou La Charité-sur-Loire. Il reste cependant difficile de rattacher cette cargaison à un fait historique précis. L’étude du contexte historique par Pierre Serna et économique par David Plouviez viennent confirmer l’analyse des documents d’archives exceptionnels que constitue le procès-verbal d’avarie et de reconnaissance. La date de l’échouage conduit à resserrer la focale sur les guerres de la Révolution. Des questions restent posées : d’où provient la cargaison militaire ? Vers où va-t-elle ? Pour qui ? Que faisaient ces caissons à munitions sur ce chaland ? Allaient-ils servir à renforcer des batteries côtières près de l’arsenal de Rochefort ? Ou bien sécuriser une zone de troubles civils ? On sait maintenant que la date de février 1793, déclenchement de la guerre contre l’Angleterre et les Provinces-unies, ouvre le front maritime et contraint à la réactivation de tous les réseaux d’approvisionnement de la marine française. Les boulets d’artillerie de marine observés dans la cargaison sont destinés à rejoindre sans aucun doute les arsenaux atlantiques (Brest, Lorient ou Rochefort).

La présence de caissons d’artillerie de type Gribeauval conduit en revanche à trouver un autre destinataire que la marine : sans doute l’armée de l’ouest qui combat dans cette zone suite au soulèvement vendéen de mars 1793.

 

Collections

Prêt du mortier dit « de Yorktown »

À l’occasion de l’exposition The American Revolution: A World War, qui se tiendra de juin 2018 à juillet 2019 au Smithsonian’s National Museum of American History (Washington), le musée de l’Armée prêtera un mortier anglais de 4.5 pouces. Prise lors du siège de Yorktown (28 septembre-17 octobre 1781), il a été offert par le général George Washington au régiment Royal-Auvergne en remerciement de son action lors de cette bataille.

Mortier anglais, fondu vers 1740 © Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette