Exposition Chevaliers & bombardes. D’Azincourt à Marignan, 1415-1515

L’exposition Chevaliers & bombardes qui s’ouvre le 7 octobre 2015 au musée de l’Armée a pour ambition de mettre en évidence les mutations profondes qui affectent l’armée en France entre la fin du Moyen Âge et le début de la Renaissance. Cette période charnière, à la fois complexe et riche en événements militaires, politiques, sociaux ou même artistiques, s’ouvre sur la bataille d’Azincourt en 1415 et s’achève avec celle de Marignan en 1515.

Au début du XVe siècle, le royaume de France connaît de grands bouleversements : la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons s’ajoute aux épisodes désastreux de la guerre de Cent Ans contre les Anglais. Sur le plan militaire, le modèle féodal atteint ses limites : les erreurs de Crécy (1346) et de Poitiers (1356) sont reproduites en 1415 à Azincourt où la chevalerie française est décimée par les archers du roi d’Angleterre. Les conséquences de cette défaite sont catastrophiques pour la France qui subit les outrages de l’invasion et l’instauration d’une double monarchie. Peu après, l’action aussi brève que marquante de Jeanne d’Arc marque le retour à une politique offensive. Le roi de France Charles VII entreprend de grandes réformes, il se dote d’une armée permanente et d’une nouvelle arme, l’artillerie qui, dès lors, ne cessera d’embraser les champs de bataille.

Anonyme, Enguerrand de Monstrelet, Chroniques, XVe siècle © Bibliothèque nationale de France, Paris

La richesse des armes et armures royales du musée de l’Armée

Chevaliers & bombardes invite le visiteur à découvrir l’univers chevaleresque d’un Moyen Âge finissant à traversles collections d’armes et armures royales du musée de l’Armée. Ce fonds exceptionnel, riche de plusieurs milliers d’objets, permet d’évoquer les principales étapes qui ont conduit, au cours du XVe siècle, à l’avènement d’une nouvelle manière de concevoir et de conduire la guerre. Plusieurs équipements militaires complets illustrent l’évolution de l’armement depuis les chevaliers français d’Azincourt jusqu’aux piquiers suisses de Marignan. En outre, des prêts prestigieux consentis par de grandes institutions culturelles françaises et étrangères comme de précieuses monnaies royales en or, un rarissime collier du XVIe siècle de l’ordre de la Toison d’or ou une étonnante bombarde, complètent le propos de façon spectaculaire.

Armure du roi François Ier Innsbruck, 1539-1540 © Paris, musée de l’Armée / Pierre-Luc Baron-Moreau

La bataille d’Azincourt, épisode sanglant de la guerre de Cent Ans

Dès son accession au trône en 1413, le roi d’Angleterre Henry V reprend les revendications de ses prédécesseurs sur la couronne de France. Il réunit environ 9 000 combattants, débarque en Normandie le 13 août 1415 et met le siège devant Harfleur. La ville résiste pendant un mois et capitule le 22 septembre après un siège éprouvant. L’armée anglaise est très affaiblie, Henry V décide alors de rejoindre le port de Calais pour se réembarquer vers l’Angleterre en toute sécurité. Côté français, environ 12 000 hommes commandés par le connétable Charles d’Albret et le maréchal Boucicaut se lancent à la poursuite de l’armée anglaise et bloquent tous les passages sur la Somme. Les Anglais parviennent à traverser le fleuve le 19 octobre, mais les hommes, trempés, affamés, souffrent de dysenterie. Ils sont devancés par les Français qui les arrêtent à Azincourt.

C’est là, le 24 octobre 1415 en fin de journée que se rencontrent les deux armées. Le camp anglais est acculé et le roi Henry V n’a d’autre choix que de se battre. Le lendemain, vers 11 heures, le combat s’engage. Les 12 000 combattants français, sûrs de leur supériorité, se disputent le commandement général. Au moment où ils finissent par former leur armée, Henry V a déjà pris l’initiative, les archers anglais avancent, installent leurs pieux et décochent leurs premières flèches. Les cavaliers français se lancent à l’assaut mais sont décimés par le tir nourri des archers anglais, leur charge se solde par un échec. Durant la nuit, une averse a transformé le champ de bataille en un bourbier où ils progressent difficilement, beaucoup sont faits prisonniers tandis que d’autres meurent sous une violente pluie de flèches. Les combats sont intenses, en fin de journée l’arrière-garde française tente une dernière attaque que les Anglais repoussent encore.

À 17 heures, la bataille est terminée, l’armée française compte plus de 5 000 morts dont l’élite de la chevalerie. Victorieux, Henri V peut reprendre sa marche sur Calais et s’embarquer pour Londres avec son butin et ses prisonniers. Il a remporté la bataille et les Anglais, qui ne déplorent que 500 morts, sont à nouveau maîtres de la Normandie. Azincourt est depuis un symbole de bravoure, immortalisé par les vers de Shakespeare dans Henry V :

« À compter de ce jour jusqu’à la fin du monde, sans que de nous on se souvienne, de nous, cette poignée, cette heureuse poignée d’hommes, cette bande de frères ».

Cinq bacinets dits à «bec de passereau», France ou Milanais, entre 1380 et 1400, Fer Forgé © Paris, musée de l’Armée / Pascal Segrette

Des prêts exceptionnels

Chevaliers & bombardes offre au musée de l’Armée l’occasion de mettre en valeur ses collections médiévales peu connues du grand public. Enrichies par des prêts généreusement consentis par des institutions françaises et étrangères, elles permettent de poser un nouveau regard sur l’histoire et la société militairede la fin du Moyen Âge à la Renaissance.

Dès le début de l’exposition, un spectaculaire ensemble d’armes et armures du début du XVe siècle est mis en relation avec les rares vestiges archéologiques provenant du champ de bataille d’Azincourt, et les précieux manuscrits enluminés de la Bibliothèque nationale de France. Ce regroupement d’oeuvres illustrant les dernier feux de la chevalerie est complété par l’évocation des nouveautés techniques et de l’affermissement de l’autorité royale depuis les réformes de Charles VII jusqu’à celles de Louis XI.

Les prêts exceptionnels de l’armure de Frédéric Ier du Kunsthistorisches Museum de Vienne, seule armure complète du XVe siècle encore conservée de nos jours, et du buste en marbre du roi Charles VII du musée du Louvre évoquent la naissance d’une armée permanente, à nouveau victorieuse. Au milieu du siècle, la société militaire change et l’on perçoit un regain d’intérêt pour les valeurs chevaleresques dont témoigne le somptueux collier de l’ordre de la Toison d’or du Louvre Abu Dhabi.

Faisant écho aux mutations de la société militaire, l’imposante bombarde du Musée Historique de Bâle atteste des progrès considérables accomplis dans la conception des bouches à feu qui, dès lors, ne cesseront d’embraser les champs de bataille. L’art des fondeurs est aussi mis à l’honneur par la présentation de la célèbre statue d’ange de la Frick Collection de New York. Cette oeuvre, réalisée en 1475 par Jean Barbet, illustre l’habileté technique de celui qui fut le fabricant des canons de Louis XI. La deuxième partie du parcours est consacrée aux guerres d’Italie et aux succès de l’artillerie française, du règne de Charles VIII à la bataille de Marignan. De nombreuses armes royales, comme l’épée de Louis XII, sont présentées en relation avec une riche iconographie comprenant notamment des traités d’ingénieurs du début du XVIe siècle.
Enfin, un grand diorama consacré à la bataille de Marignan présente l’affrontement d’un carré de piquiers opposé à l’artillerie du roi François Ier. En contrepoint, de célèbres figures seront évoquées comme celle du chevalier Bayard ou celle du maréchal Trivulce qui déclara au soir de Marignan « Ce fut une bataille de géants ».

Un parcours jalonné de dispositifs multimédias

L’exposition montre combien les deux batailles d’Azincourt et de Marignan marquent les bornes d’un siècle en pleine mutation. Pour accompagner le visiteur dans sa découverte de la société militaire médiévale, de nombreux dispositifs multimédias sont intégrés au parcours afin d’aider à mieux comprendre le contexte historique. Constitués de cartes animées, de reconstitutions en 3D et de documents associés à un commentaire sonore, ils permettent aussi d’explorer page à page les manuscrits des traités d’ingénieurs du XVe siècle provenant de la Bibliothèque nationale de France, des ouvrages rarement présentés au public.

Collier de l’ordre de la Toison d’or, Argent et or emaillé © Louvre Abu Dhabi / Thierry Ollivier

À l’issue du parcours, deux jeux interactifs À la découverte du harnois et Désordre au musée invitent le visiteur à pénétrer au coeur de l’univers médiéval en devenant, l’espace d’un instant, le page d’un valeureux chevalier.

En écho à l’exposition

Prolongez l’immersion dans l’époque féodale, avec la programmation associée à l’exposition

Conférences

Des rois, des chevaliers et des canons.

En partenariat avec l’Université permanente de la Ville de Paris, 4 conférences portent sur les transformations de la guerre à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance. À travers les représentations culturelles, les figures royales et les (r)évolutions techniques, il s’agit de comprendre l’association complexe d’éléments, hérités du passé médiéval, et d’un mouvement important de modernisation.

Cinéma

Chevaliers & bombardes,1415-1515

Henry V d’Angleterre, Charles le Téméraire, les chevaliers de la Table Ronde revus par l’humour britannique décapant des Monty Python…
Le cycle cinéma Chevaliers & bombardes propose une sélection de cinq longs-métrages sur le thème de la chevalerie.

Musique

À travers un cycle de 5 concerts, les visiteurs du musée de l’Armée sont invités à explorer la Renaissance, moment fondateur de l’histoire de la musique. Avec, entre autres, le violoncelliste Henri Demarquette, les ensembles Doulce Mémoire et Céladon, et bien d’autres interprètes !

Médiation

Pour les plus jeunes, des panneaux jeune public ponctuent l’exposition, et des livrets-jeux – en français et en anglais – accompagnent la visite.

Au programme également des visistes guidées de l’exposition pour découvrir en s’amusant François Ier, Jeanne d’Arc... Possibilité d’organiser des fêtes d’anniversaire.

Horaires & programmes détaillés sur http://musee-armee.fr

  • du 23 novembre au 6 décembre 2015 - Auditorium Austerlitz, de 13h45 à 15h Réservation obligatoire - http://histoire@musee-armee.fr
  • du 17 au 21 novembre 2015 - Séances animées par Patrick Brion, historien du cinéma
  • du 3 novembre 2015 au 17 janvier 2016

Informations et réservations -- jeunes@musee-armee.fr

Visites guidées pour adultes - benedicte@cultival.fr