Les restaurations du musée - Les caissons d’artillerie et le grand pavois

Dans le cadre du projet de renouvellement des galeries de la cour d’honneur, les équipes du département artillerie du musée de l’Armée travaillent plus particulièrement à la restauration de deux caissons à munitions, vestiges spectaculaires de l’armée napoléonienne. Ils témoignent à la fois de la violence des combats mais aussi du remarquable défi technique que constitua l’approvisionnement d’une armée projetée aussi loin de ses bases. Ces derniers servaient au transport des munitions nécessaires à la mise en oeuvre des canons. Tractés par des attelages de six ou huit chevaux, ils transportaient une centaine de projectiles. 

Ces caissons en bois renforcé d’éléments métalliques présentent des traces d’infestations d’insectes xylophages et nécessitent un traitement curatif par anoxie dynamique avant toute restauration. À l’issue d’un constat d’état détaillé, ils seront nettoyés, les produits de corrosion des parties métalliques seront retirés, les fentes du bois seront consolidées ; la couche picturale fera aussi l’objet d’un traitement spécifique permettant sa conservation. La restauration de ces pièces sera réalisée, dans un atelier spécialisé, par une équipe de restaurateurs réunie autour de Carolina Hall, restauratrice de mobilier en charge de ce projet. 

Restauration du Grand Pavois de Maximilien Ier 

Depuis août dernier, nos visiteurs peuvent redécouvrir dans les salles d’armes et d’armures anciennes une pièce exceptionnelle par son histoire et sa qualité ; il s’agit d’un grand pavois (grand bouclier de siège) d’origine tchèque, orné des armoiries de la ville de Prague figurant une porte fortifiée renforcée de trois tours. Une inscription peinte dans la partie inférieure de cet objet rappelle les circonstances de sa capture, en 1504, par l’empereur Maximilien Ier de Habsbourg, sur les mercenaires bohémiens qui défendaient la ville de Ratisbonne lors de la guerre de succession de Landshut. Malgré la destination militaire de ce pavois, son décor peint était très fragile et nécessitait un chantier de sauvegarde. L’intervention de la restauratrice de peintures Morgane Duroux a permis de redonner son adhérence à la couche picturale et a révélé le raffinement de la mise en oeuvre de ce décor : le motif a été finement incisé dans la préparation de colle et de craie, recouvert de feuilles d’or ombrées et nuancées par un réseau de hachures entrecroisées évoquant l’art de la gravure. Notons qu’un des bas-reliefs de marbre du monumental cénotaphe de Maximilien Ier à Innsbruck montre la prise de Ratisbonne, sans omettre ces grands pavois tchèques très semblables à l’exemplaire du musée de l’Armée.

 




©Virginie Serna

Grand pavois © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais/Pascal Segrette