Dans la peau d’un soldat. De la Rome antique à nos jours

Exposition du 12 octobre 2017 au 28 janvier 2018 

Dossier et interview réalisés par Olivier Renaudeau commissaire de l’exposition 

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Deux soldats en tenue de campagne, 1916, Scott Georges Bertin © Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais
 

Point fort de la programmation culturelle du musée de l’Armée cet automne, l’exposition Dans La peau d’un soldat. De la Rome antique à nos jours abordera le fait militaire sous un angle inédit au sein de notre institution et dans une scénographie inventive et raffinée de l’agence Je formule. 

 

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Affiche de l’exposition © Paris - Musée de l’Armée / Édouard Elias. Graphisme © je formule

Les oeuvres ou les objets présentés ne seront pas différents de ceux que l’on peut découvrir ordinairement dans les manifestations proposées par le musée de l’Armée : on y trouvera, en effet, des armes, des uniformes, des équipements et des armures, des documents historiques, des photographies ou des oeuvres picturales… La plupart de ces « artefacs » sont souvent offerts à la délectation de nos visiteurs en tant qu’objets témoins, voire en tant que reliques d’un moment de l’histoire ou d’un contexte particulier : le havresac du soldat napoléonien peut ainsi devenir une des icônes de la puissance guerrière de l’Empire, comme la présentation de la tunique d’un grand chef militaire peut favoriser une certaine proximité, l’intimité voire l’empathie entre le visiteur et la figure dont on lui détaille la personnalité ou les actions. Les pièces, souvent modestes, que l’on découvrira dans l’exposition Dans la peau d’un soldat seront dans la plupart des cas présentées pour leur simple et parfois triviale valeur d’usage. Certes, les havresacs du Ier Empire ou les caligae cloutées romaines sont rarissimes, mais c’est leur fonction et leur plus ou moins grande ergonomie qui nous intéresseront surtout ici. Les commissaires de cette manifestation se sont en effet donné comme ambition de brosser un panorama de ce qui constitue, depuis deux millénaires, l’expérience du soldat, les invariants, comme les évolutions de ce métier particulier qui, depuis deux mille ans, conduit des hommes à quitter la sécurité et le confort de leur foyer pour se lancer dans des marches harassantes, le dos broyé par le poids de leur équipement, vers des dangers parfois mortels, souvent source de souffrances ou de blessures physiques et morales. 

Parce qu’il ne représente qu’une part infime de l’emploi du temps de tous nos protagonistes, qu’il s’agisse du légionnaire romain, du fusilier du Grand siècle, du parachutiste d’Indochine ou du guerrier taliban d’Afghanistan, le moment bref, rare et paroxystique du combat ne sera pas abordé. En revanche, les effets de ce dernier, le sort réservé à la dépouille du soldat tombé, les hommages qui lui sont rendus, ou pas, comme l’attention portée, ou non, aux combattants blessés dans leur chair et dans leur âme concluront le parcours. 

Ce dernier sera surtout dédié à la vie des soldats en campagne, à la nécessité pour eux d’assurer chaque jour leur subsistance et de satisfaire leurs besoins vitaux. Depuis l’Antiquité, les combattants, même engagés sur les terrains les plus difficiles, doivent quotidiennement manger, se laver, dormir à l’abri, s’habiller, se chausser, se reconnaître entre eux, porter leurs munitions et leurs armes, nourrir leurs montures ou approvisionner en carburant leurs véhicules. Dans les armées régulières instituées par des états organisés, des corps d’intendance spécialisés conçoivent les matériels très spécifiques censés répondre à tous ces besoins, donnant naissance, parfois, à des équipements novateurs adoptés avec succès dans le monde civil, ou à des inventions utopiques vite oubliées. Dans les groupes d’irréguliers ou de partisans, le système D, la connaissance du terrain, la rusticité permettent de compenser la pauvreté de leur équipement. 

Plus de 330 objets, mannequins ou documents permettent aux visiteurs de rentrer dans la peau de nos combattants, de la Rome antique à aujourd’hui. La plupart de ces pièces proviennent des très riches collections du musée de l’Armée et sont inédites. Le musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye, le musée de Picardie à Amiens ou la Bibliothèque nationale de France ont consenti, parmi d’autres, des prêts généreux, complétés par les contributions de nombreux collectionneurs privés. 

Une spectaculaire galerie chronologique 

L’étude de ces objets, leur préparation, leur restauration parfois, ont mobilisé comme jamais auparavant tous les services de l’établissement, des départements de la conservation aux ateliers de restauration et de soclage, en passant par le studio photographique. La régie des oeuvres a été très sollicitée pour localiser, établir les constats d’état, conditionner et transporter ces centaines de pièces (de la boite d’allumettes au dromadaire grandeur nature, en passant par les rations de combats, les tenues « nouvelle génération » et les godillots réglementaires…) jusqu’aux lieux de leur présentation. 

Le chantier de cette manifestation a démarré plus tôt qu’à l’accoutumée, puisque qu’elle investit également la grande salle Vauban, d’où a dû être évacuée la série de mannequins équestres du XIXe siècle. Ces derniers sont remplacés, dans cette vitrine de plus de trente mètres de long, par la galerie chronologique, une vaste frise historique grandeur nature brossant l’évolution de la silhouette du combattant occidental et de certains de ses adversaires, de la République romaine à…demain, le dernier dispositif, virtuel, proposant un regard prospectif sur ce que pourrait être le combattant du futur. 

Enfin, comme l’ont souligné les articles annonçant cette exposition dans les numéros précédents de l’Écho du Dôme, des prêts consentis par des unités d’active de l’Armée française et par le service du commissariat des armées ainsi que des reportages photographiques réalisés lors des opérations extérieures permettront au visiteur de découvrir le quotidien du combattant d’aujourd’hui, parfois étonnamment semblable à celui de ses ancêtres de l’époque médiévale ou de la période révolutionnaire.

 

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1. Plaque d’identité modèle 1881 de Louis Charoy © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette

 

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2. Cagoule et veste de Ghillie suit, camouflage hiver, 2010 © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette

 

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3.Ceinture aux mille points japonaise © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN Grand Palais / Émilie Cambier

 

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4. Cantinière du régiment des zouaves de la Garde impériale, Second Empire © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Émilie Cambier / Pascal Segrette

 

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5. Musette TTA © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette

 

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6. Ration de combat individuelle réchauffable, menu n°10 © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Émilie Cambier

 

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7. Officier du 8e régiment des hussards © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Émilie Cambier