Guerres secrètes se prépare…

Coulisses

Le Combined Military Services Museum de Maldon (Essex, Angleterre) prêtera de nombreux et rares objets de la Seconde Guerre mondiale et de la Guerre froide à l’exposition Guerres secrètes en  automne 2016. Interview de son fondateur et directeur, Richard Wooldridge.

Richard Wooldridge est un passionné d’histoire. Il travaille à plein temps comme manager dans une grande entreprise en Angleterre, et a tout de même trouvé le temps de créer un musée de grande  qualité, dont les conditions de conservation préventive et de présentation des objets sont dignes des grands musées nationaux. La collection rassemble des objets exceptionnels, du Moyen Âge à  nos jours et a été constituée essentiellement autour de l’histoire britannique, ce qui est d’autant plus opportun que la Grande-Bretagne est une référence dans le monde de l’intelligence et de  l’espionnage.

Comment est née votre collection ?
Dès l’âge de 7 ans, j’ai notamment récupéré dans la maison familiale tout l’équipement militaire de mon père [qui a participé au débarquement de Normandie, ndlr]. Agés de 14 ans, mes amis et moi  partions à la recherche d’objets dans la forêt, dans les champs, sur la plage, armés de détecteurs de métaux. C’est ainsi que nous avons découvert un Dornier 17Z, un Spitfire, et une quantité infinie  de munitions et d’éclats d’obus. Ma collection n’a plus cessé de s’agrandir, et j’ai réalisé que je devais faire un choix : ou elle diminuait, ou mon rêve de créer un musée devait se réaliser. Je me suis adressé à de nombreuses administrations pour obtenir une aide à la réalisation de ce projet.

Dans quelles circonstances votre musée a-t-il pu ouvrir ses portes ?
Le gouvernement a déclaré que cette collection était d’importance nationale, et a assisté mes démarches pour monter un dossier auprès de la Loterie Nationale qui finance des projets culturels. C’est  insi que j’ai pu obtenir un lieu où installer ma collection. Celle-ci a pris le nom de musée des forces combinées militaires, d’après les opérations combinées de la Seconde Guerre mondiale,  parce qu’elles impliquaient les trois armées, terre, air et mer, comme ma collection. Le programme dit de « charité » a été mis en place en 1996, il a permis de collecter des fonds privés et publics,  jusqu’à l’acquisition d’un bâtiment en 2001 : un ancien entrepôt de vin. Les trois années suivantes ont été occupées par l’acquisition de nouveaux objets, particulièrement des dons de la part de  nombreuses institutions militaires britanniques. Finalement, le musée a ouvert ses portes au public le 5 juillet 2004.

Un objet spécial de votre collection ?
Si je ne devais en choisir qu’un, ce serait l’unique exemplaire restant des canots utilisés par les commandos de la Royal Marine Commandos pour l’Opération Frankton, le raid sur le port de Bordeaux  n 1942. Il faisait partie des 6 canots prévus pour l’opération, mais fut abîmé lors de sa mise à l’eau et écarté pour être renvoyé en Angleterre pour y être réparé. Finalement, il est resté tel  quel à l’usine, jusqu’à sa découverte plus de 40 ans après. Sa restauration a été prise en charge par le musée, utilisant les plans et esquisses originaux réalisés par le designer Goatley et le chef du  commando, le major Herbert George «Blondie» Hasler.

Les gadgets de la Guerre froide entre fiction et réalité

Les films et les séries d’espionnage foisonnent de gadgets en tout genre mimant les objets du quotidien. Le Combined Military Services Museum regorge de nombreuses pièces - réelles - créées par les services secrets de la CIA et du KGB : pistolets cachés dans un rouge à lèvres ou un stylo plume, lames camouflées dans une ceinture, une chaussure, voire, une épingle de kilt...  appareils photographiques si petits qu’ils peuvent être insérés dans un paquet de cigarettes ou dans une veste avec un faux bouton comme objectif... Et c’est sans mentionner la furtive pipe à  projectile empoisonné et le mythique parapluie bulgare !

Grâce à un ensemble de prêts exceptionnels du musée britannique, l’exposition Guerres secrètes présentera ces objets hors du commun. Rendez-vous à partir du 15 octobre 2016 !

Façade du Combined Military Services Museum, Maldon, Essex © Combined Military Services Museum
Logo du Combined Military Services Museum

Propos recueillis par Carine Lachèvre commissaire de l’exposition