La Marseillaise retrouve son auteur aux Invalides, le temps d’une exposition-dossier

Carte postale réalisée à partir d’un dessin de Georges Scott

Carte postale réalisée à partir d’un dessin de Georges Scott (1873-1943) en 1914, « La Marseillaise personnifiée », avec la célèbre soprano Marthe Chenal.
© musée de l’Armée

Dossier réalisé par Sylvie Picolet, commissaire de l’exposition

Avant d’être chantée à pleins poumons sur les pelouses des stades, La Marseillaise, créée par Claude Joseph Rouget de Lisle en 1792, a connu plusieurs statuts. Écrite à la suite de la déclaration de  guerre à l’Autriche, elle est avant tout un chant patriotique de la Révolution française. Elle ne sera adoptée par la France comme hymne national que plus tard : une première fois par la Convention, du 14  juillet 1795 jusqu’à l’Empire, puis définitivement en 1879 sous la Troisième République.

L’exposition Rouget de Lisle et La Marseillaise, présentée dans les galeries de la cour d’honneur des Invalides du 25 juillet au 7 octobre 2016, a été conçue par le musée de l’Armée dans le cadre de la  commémoration des 180 ans de la mort de Rouget de Lisle, survenue en 1836. Elle s’inscrit dans la saison culturelle, scientifique et pédagogique autour de La Marseillaise organisée en partenariat par le  inistère de la Défense et le ministère de l’Éducation nationale.
Pour réaliser cette exposition, le musée de l’Armée a puisé dans ses fonds documentaires et collections. Plusieurs institutions en sont partenaires telles que l’établissement de communication et de  production audiovisuelle de la Défense (ECPAD), le service historique de la Défense (SHD), la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine de l’université de Paris Ouest Nanterre La  Défense (BDIC), le service archives documentation patrimoine de Choisy-le-Roi, le musée Rouget de Lisle de Lons-le-Saunier, la documentation / photothèque des musées de Strasbourg.
L’exposition est en outre l’occasion de rappeler que les cendres de Rouget de Lisle, destinées un temps à rejoindre le Panthéon, se trouvent aux Invalides, dans le caveau des gouverneurs, qui n’est  ouvert au public que lors de visites exceptionnelles.

La Marseillaise : péripéties d’un hymne national

Chacun des panneaux présente une image principale - partition, affiche, objet, ou encore photographie - à partir de laquelle de nombreux thèmes liés à La Marseillaise et à son auteur sont développés. Ainsi sont abordés la musique militaire, le chant de guerre, quelques interprètes de La Marseillaise, les symboles de la République, La Marseillaise en 2016…

L’exposition s’articule majoritairement autour de deux thèmes : les représentations de La Marseillaise et de Rouget de Lisle à travers les différentes époques, puis leur reprise et leur diffusion lors de la  Première Guerre mondiale.

L’utilisation de QR-code placés sur certains des panneaux apportera une dimension sonore ou audiovisuelle à cette exposition.

Un partenariat conclu avec l’Office national des anciens combattants et des victimes de guerre (ONACVG) permettra de présenter l’exposition dans plusieurs régions de France tout au long de l’année  2016.

La cour d’honneur de l’Hôtel national des Invalides

La cour d’honneur de l’Hôtel national des Invalides, le 14 juillet 1915, lors du transfert des cendres de Rouget de Lisle. © musée de l’Armée, dist. RMN-GP

La Marseillaise, morceaux choisis

À l’appel de Rouget de L’Isle…

À l’appel de Rouget de L’Isle

Affiche pour l’emprunt de 1918 : À l’appel de Rouget de L’Isle.
© musée de l’Armée, dist. RMN-GP

Pendant la Première Guerre mondiale, comme la plupart des belligérants, la République française doit procéder à des emprunts afin de lever auprès de la population les fonds nécessaires à la conduite  d’une guerre industrielle très couteûse. L’affiche À l’appel de Rouget de L’Isle est imprimée pour l’emprunt de 1918. L’artiste Jacques Carlu reprend ici la représentation de Rouget de Lisle due à Isidore  Pils en 1849.

La main droite de Rouget de Lisle désigne la Société Marseillaise qui édite l’affiche. Il harangue des soldats français coiffés du casque Adrian. Le premier, tête nue, répond à son geste en brandissant  son fusil. L’auteur de La Marseillaise et les deux premiers soldats, bouches ouvertes, semblent clamer l’hymne français.

Pendant ce conflit, une seule affiche d’emprunt met en scène Rouget de Lisle, mais pas moins de cinq affiches se réfèrent à La Marseillaise de François Rude et quatre autres présentent une allégorie de la Patrie, de la République, de la France ou de la Liberté.

Allons !

Gravure de Leroux d’après un tableau peint en 1825 par Ary Scheffer (1795-1858) intitulée La Marseilleise - orthographié comme sur la gravure.
© musée de l’Armée, dist. RMN-GP

Ary Scheffer (1795-1858) peint un tableau dont le titre La Marseilleise est orthographié comme sur la gravure, en 1825 donc bien avant les deux représentations les plus célèbres et les plus reproduites  de ce thème : Le départ des Volontaires sculpté, entre 1833 et 1836, sur l’arc de triomphe de l’Étoile par François Rude et le tableau Rouget de Lisle chantant La Marseillaise d’Isidore Pils peint en 1849.  a toile d’Ary Scheffer a disparu mais elle est connue notamment par la gravure présentée ci-contre, attribuée à Leroux en 1835.

Une foule enthousiaste s’élance : il s’agit de volontaires de 1792, mais vêtus de costumes du XIXe siècle, caractéristiques de l’époque romantique. Les vêtements clairs d’un jeune homme, bras et  jambes écartés attirent le regard. Sa tête et son bras gauche sont encore tournés vers sa femme et ses enfants. Mais son fusil équipé d’une baïonnette désigne le chemin où sont engagés des soldats  rangés en bataillon et marchant en cadence. Un combattant brandit le drapeau tricolore, la hampe équipée d’une pique évoque la violence de la guerre.

Cette représentation de La Marseillaise correspond à la conception que l’historien Jules Michelet (1798-1874) énonce dans son Histoire de la Révolution française, publiée en 1847 et 1853 : « ce ne fut  pas comme on l’a dit dans un repas de famille que fut trouvé le chant sacré. Ce fut dans une foule émue ».

Infos pratiques

- du 25 juillet au 7 octobre 2016, exposition gratuite dans les galeries la cour d’honneur de l’Hôtel des Invalides

- à partir du 25 juillet, diffusion de l’exposition en France par l’Office national des anciens combattants et des victimes de guerre.

 

La Marseillaise sur les routes

Les collectivités territoriales, établissements scolaires et associations qui le souhaiteront pourront demander la mise à disposition de l’exposition auprès des services départementaux de l’ONACVG  suivants : Paris, Marseille, Strasbourg et Lons-le-Saunier ainsi qu’auprès des services situés dans les chefs-lieux de région.
Plus d’infos onac-vg.fr

 

La Marseillaise en ligne

Comme pour toutes les expositions documentaires organisées par le musée, les séquences successives de Rouget de Lisle et La Marseillaise, seront diffusées les unes après les autres sous la forme  d’un feuilleton mis en ligne, de son ouverture au public à sa fermeture, sur le site internet du musée. Elle y demeurera ensuite accessible en permanence sous la forme d’une exposition virtuelle. Contact histoire@musee-armee.fr