Interview

L’Alsace. Elle attend, 1871 Jean-Jacques Henner, Paris, musée national Jean-Jacques Henner, Donation famille Pierre Brault, 1972
© RMN-GP / Franck Raux

Claire Bessède
Conservateur du musée national Jean-Jacques Henner

Le musée national Jean-Jacques Henner s’associe généreusement à l’exposition France-Allemagne(s) 1870-1871. La guerre, la Commune, les mémoires par le prêt d’une oeuvre emblématique du maître, L’Alsace. Elle attend. Pouvez-vous nous en dire plus sur les liens unissant Henner à l’Alsace, sur son parcours et sur ses choix à l’issue de la guerre franco-allemande ?
Jean-Jacques Henner est né en 1829 en Alsace et il garde un attachement profond pour sa région d’origine. Il vient à Paris pour étudier à l’École des Beaux-Arts et s’y installe à son retour de la Villa Médicis, en 1864, pour y mener une carrière qui sera couverte d’honneurs. S’il opte pour la nationalité française en 1872, non seulement il revient chaque été peindre à Bernwiller, mais le paysage idéal dans lequel il place les nymphes et naïades de ses grandes compositions est un paysage alsacien souvent teinté de nostalgie.

Comment l’oeuvre est-elle née et de quelle manière a-t-elle été reçue par son destinataire comme par le public ?
L’Alsace. Elle attend est une commande, faite en 1871 par des épouses d’industriels de Thann à un peintre né en Alsace, pour être offerte à Léon Gambetta, un des plus farouches opposants à l’abandon de l’Alsace. Ce qui fait la force du tableau, c’est qu’il ne s’agit pas d’un portrait mais de la personnification de l’Alsace par une jeune femme en deuil portant une cocarde tricolore piquée sur son noeud noir. Gambetta y voyait une « une perpétuelle exhortation » et c’est le succès public de cette image qui a véritablement lancé la carrière de l’artiste.

Conservez votre billet d’entrée à l’exposition et profitez d’un tarif réduit pour découvrir le musée Jean-Jacques Henner. + d’infos musee-armee.fr

Propos recueillis par Sylvie Le Ray-Burimi, commissaire de l’exposition