L'ÉCHO DU DÔME - FÉVRIER/MAI 2014 #29

BILAN

INDOCHINE. DES TERRITOIRES ET DES HOMMES, 1856-1956, DES OBJETS RARES RACONTENT LA GUERRE

Cette exposition qui relatait 100 ans de la présence militaire française en Indochine à travers une sélection de plus de 300 pièces inédites s’ouvrait et se fermait par des épisodes essentiellement militaires. Le regard de Marcelino Truong, illustrateur, peintre et auteur.

« En visitant l’exposition Indochine aux Invalides, le visiteurconnaisseur ne peut qu’être agréablement surpris par la qualité des objets présentés. Ainsi une pièce d’équipement du bô dôi répond-elle à l’une de mes interrogations. Cette armature ronde en bambou portée au dos du fantassin est donc un cercle de camouflage ! C'est dans ce cadre que les “Viêts” fichaient des branchages, devenant ainsi des homme-arbres, comme le montre l'illustration de couverture d'un manuel du deuxième Bureau français sur la guérilla. Cette anecdote se retrouve dans la tragédie Macbeth de Shakespeare. “Je ne craindrai ni mort ni poison, tant que la forêt de Birnam ne s'avancera jusqu'à Dunsinane”, se vantait Macbeth. Pourtant, ses adversaires couperont des ramures dans la forêt de Birnam, puis, sous le couvert de ce feuillage, graviront la colline de Dunsinane, pour prendre le château de l’Écossais. La forêt s’est mise en marche et Macbeth périt, comme l’avaient prédit les sorcières. »

« Guérilla », fascicule d'instruction à destination des troupes françaises émanant du deuxième Bureau de l'état-major 1947.

La bravoure et le fanatisme des soldats viêt-minh

« Le Viêt-Minh est reconnu comme un adversaire de taille. Selon le général français, Raoul Salan, vieux briscard d’Indochine : “Le fantassin régulier viêt-minh est le plus redoutable adversaire que les Français ont rencontré depuis Verdun. Il est plus fort que l'A llemand parce qu'à la qualité il joint la masse active et fanatisée”. La phrase du général Merglen, capitaine para en Indo, me revient alors : “II faut avoir vu des cadavres Viêt-minh dans nos barbelés, fauchés en montant à l'assaut, pour comprendre la foi qui animait ces hommes. Le visage du patriotisme vietnamien est là ; qu'il soit marqué de communisme n'y enlève rien”. Tristesse en pensant aux milliers de combattants des deux camps qui furent blessés ou donnèrent leur vie dans ce conflit d’Indochine. »

Marcelino Truong, auteur du roman graphique Une si jolie petite guerre – Saigon, 1961-63 (Denoël Graphique, 2012)

Fantassin (bô dôi) de l’Armée du peuple, équipé d’un cercle de camouflage.