Il Combattimento de Monteverdi

Sous la direction de Michele Pasotti, l'ensemble La Fonte Musica revisite la première du Combattimento di Tancredi e Clorinda, donné en 1624, lors du Carnaval de Venise.

Horaires :

20h
mardi 16 décembre 2025

Lieu de l'évenement :

Cathédrale Saint-Louis des Invalides

Conditions d'accès :

Tarif B : 25€ / 8€

Cycle À armes égales ? 

Sous la direction de Michele Pasotti, La Fonte Musica revisite la première du Combattimento di Tancredi e Clorinda, donné en 1624, lors du Carnaval de Venise. Au sein de ce madrigal dramatique s’apparentant au genre de l’opéra, Mauro Borgioni incarne le narrateur Testo, contant l’affrontement tragique entre le chevalier chrétien Tancrède et la guerrière musulmane Clorinde en armure.

On en parle sur Ôlyrix

Programme

Rossi

Sinfonia Grave

Monteverdi

Sfogava con le stelle (Madrigali, libro IV)

Cruda Amarilli (Madrigali, libro V)

Castello

Sonata XV

Monteverdi

Anima mia perdona / Che se tu se’il cor mio (Madrigali, libro IV)

Sinfonia (Madrigali, libro VIII)

Ohimè il bel viso (Madrigali, libro VI

Sinfonia (Orfeo, atto II) 

Zefiro Toma e‘bel tempo rimena (Madrigali, libro VI

Rossi 

Sonata "La Moderna"

Monteverdi

Hor che’I ciel e la terra (Madrigali, libro VIII

Combattimento di Tancredi e Clorinda

 

Distribution

Ensemble vocal et instrumental La Fonte Musica : 

  • Mauro Borgioni (Testo, baryton)
  • Alena Dantcheva (Clorinda, soprano)
  • Massimo Altieri (Tancredi, ténor)
  • Francesca Cassinari (soprano)
  • Elena Carzaniga (alto)
  • Gianluca Ferrarini (ténor)
  • Alessandro Ravasio (basse)
  • Stefano Rossi (violon)
  • Gabriele Pro (violon)
  • Gianni De Rosa (alto)
  • Vanni  Moretto (contrebasse)
  • Federica Bianchi (clavecin)
  • Rodney Prada (viole de gambe, lirone)
  • Michele Pasotti (théorbe, luth, direction)

Sinfonia (Le Tasse) 

Tancrède, qui prenait Clorinde pour un homme,
veut mettre son courage à l’épreuve du fer.
Elle va contournant la cime montagneuse
cherchant une autre porte où elle puisse entrer.

Il suit, impétueux ; avant qu'il ne l'atteigne,
elle entend retentir le fracas de ses armes ;
et s'étant retournée : "Que viens-tu m'apporter,
ô toi qui court ainsi ? - " Et la guerre, et la mort".

Elle dit : "Guerre et mort, je te les donnerai,
si c'est ce que tu veux" et ferme, elle l'attend.
Or Tancrède, ayant vu son ennemi à pied,
descend de son cheval pour engager la lutte.
Ils empoignent tous deux leurs glaives acérés,
tout remplis de superbe et de haine enflammés.
Et tous deux à pas lents l'un vers l'autre s'avancent,
tels deux taureaux jaloux que la fureur anime.

Ô Nuit ! Qui dans l'oubli de ton sein ténébreux
a relégué l'éclat de cet exploit sublime - 
car c'est d'un clair soleil, c'est d'un d’un vaste théâtre,
qu’un fait si glorieux serait digne vraiment -,
permets que je l'arrache à l'ombre, et qu’au grand jour
aux âges à venir j'en raconte la geste.

Qu’on célèbre leurs noms, et qu’à travers leur gloire,
de ton obscurité revive la mémoire.

Ils ne reculent point ni ne veulent parer,
ni esquiver : ici, la ruse n'a que faire. 
Point de coups simulés, ou prudents, ou sans force,
car l’ombre et la fureur rendent vain tout calcul.
Voici que les épées, terribles, s’entrechoquent,
au beau milieu des fers ; mais le pied, bien planté 
reste ferme et la main toujours en mouvement ;
la pointe ou le tranchant jamais en vain ne frappent.

La honte à la vengeance excite la colère,
et la vengeance encor fait renaître la honte ;
et toujours à leurs coups, toujours à leur fureur,
un aiguillon nouveau ajoute plaies nouvelles.
Et leurs corps toujours plus se mêlent, et plus serrée
la lutte, et leurs épées ne leur suffisent plus :
du pommeau de leur glaive ils se portent des coups,
heurtent dans leur fureur casques et boucliers. 

Trois fois le chevalier étreint la jeune femme
de ses robustes bras, mais elle par trois fois,
de l’étreinte de fer parvient à se défaire, étreinte d’ennemi et non point d’amoureux.
Ils reprennent les fers et les teignent tous deux
d’un flot de sang versé ;

Enfin, las, haletants, l’un et l’autre un moment de quelques pas s’éloignent, 
pour respirer un peu après un tel combat.

Chacun regarde l’autre, et de son corps exsangue 
sur le pommeau du glaive il fait peser le poids.

Déjà les pâles feux de la dernière étoile 
devant l'aube nouvelle à l’orient déclinent.
Tancrède voit alors à grands flots répandus
le sang de l'ennemi ; lui-même est peu blessé.
Il se gonfle d’orgueil. Que est notre folie 
d'ainsi nous exalter à la moindre fortune !

Et de quoi, malheureux, peux-tu te réjouir ?
Ô triomphes cruels, ô douloureuse gloire ! 
De tout ce sang, tes yeux - si tu restes en vie -
paieront pour chaque goutte un océan de larmes.
Ainsi, sans dire un mot ni se quitter des yeux,
les farouches guerriers un instant se reposent.
Tancrède parle enfin, brisant leur long silence
et pour que chacun d'eux à l'autre soit connu :

« C’est bien notre malheur qu’ici soit déployée
tant de bravoure, et que le silence l’entoure. 

Mais puisqu'un sort funeste à tous deux nous refuse
la gloire et et le renom dignes d’un tel exploit,
je te prie - si l’on peut prier un ennemi -
de me faire savoir ton nom et ta naissance,
afin que je connaisse, ou vainqueur, ou vaincu,
à qui je devrai l’heur de mourir ou de vivre. »

La farouche répond : « Tu demandes en vain
ce que de révéler je n'ai point pour usage.
Mais quel que soit mon nom, tu as devant les yeux
l’un des deux assaillants qui brûlèrent la tour. »
Elle dit, et Tancrède à ce discours s'irrite :
« Tu me paieras ces mots ! [Puis il ajoute encore :]
Ton silence m'importe autant que tes paroles,
barbare discourtois, je saurai me venger. »

La rage dans leurs cœurs se ranime, et les pousse,
sans force et sans vigueur, à redoubler leurs coups.
Ils ignorent l'adresse et leur vaillance est morte,
ils n'ont que la fureur pour animer leur bras.
Quelle brèche sanglante et béante à la fois
ouvrent leurs deux épées, où qu’elles les atteignent,
dans le fer et la chair ! S'il reste un peu de vie,
c’est que la rage seule au cœur l'a maintenue. 

Mais voici maintenant venue l’heure fatale
où la vie de Clorinde à son terme est échue.
Il plonge son épée dans ce sein plein de grâces,
et le fer s’y enfonce et se rougit de sang ; 
et dans ce vêtement, brodé d’or précieux,
qui retenait sa gorge aux formes délicates,
un tiède flot s’écoule. Elle sent qu'elle meurt,
et son pied chancelant se dérobe sous elle

Lui, tout à sa victoire, et toujours menaçant
la vierge ensanglantée, la pousse et la harcèle.
Alors, cédant aux coups et d’une voix mourante,
elle adresse au vainqueur ces ultimes paroles
qu'un esprit inconnu à son cœur a dictées,
esprit de charité, de foi et d’espérance : 
une grâce de Dieu, qui de cette rebelle
au moment de mourir veut faire sa servante.

« Ami, tu as vaincu. Je te pardonne. Et toi, 
pardonne aussi, non pas au corps, qui ne craint rien,
mais à mon âme, hélas ! Prie pour elle, et me donne
le baptême sacré qui tout pêché efface. »

Dans cette voix mourante il entend résonner
je ne sais quel accent d'une douceur plaintive,
qui, pénétrant son cœur, apaise sa colère,
et le fait malgré lui versé un tendre pleur.

A quelques pas du lieu, au sein d'une montagne,
jaillit en murmurant un tout petit ruisseau.
Il y court, il remplit son casque d'eau limpide,
et triste, s'en retourne à son pieux devoir.
Il sent trembler sa main, cependant qu'il découvre
de l'ennemi mourant le visage inconnu.
Il la voit. Il la reconnaît. Et il demeure
sans voix, sans mouvement. Ô vision fatale !

Près de mourir lui-même, il rassemble ses forces
pour soutenir son cœur qu'il sent se dérober,
et retenant ses pleurs par un effort suprême,
il accorde la vie à qui mourut par lui.
L'entendant prononcer les très saintes paroles,
Clorinde se ranime et sourit à sa voix ;
heureuse dans la mort, elle semblait lui dire :
« Le ciel s’ouvre pour moi, et je m’en vais en paix. »

Important

Accès unique pour les concerts de 20h par le 129 rue de Grenelle (Face au pont Alexandre III).

Il est nécessaire d'acheter ses billets à la billetterie sur place de 10h à 17h30 ou en ligne

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