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La guerre d'Indochine vue par Paris-Match

Le musée de l’Armée possède un ensemble de 15 photographies issues d’un reportage effectué par Willy Rizzo pour le compte du magazine Paris-Match en 1952 à Na San, Hanoï et Saigon.

Anthony Petiteau Responsable des collections de photographies

De 1946 à 1954, en Indochine, la France, soutenue par les États-Unis, combat les forces indépendantistes du Viêt-minh soutenues, dès 1949, par la République populaire de Chine. Cette guerre de décolonisation devient une lutte d’influence entre les blocs occidentaux et communistes.

Rien ne semblait alors prédestiner Willy Rizzo à la réalisation d’un tel reportage au cœur de l’Indochine en guerre. L’essentiel de sa carrière fut en effet tourné vers les milieux mondains, du cinéma et de la mode, bien que l’artiste ait photographié les vestiges de la ligne Mareth en 1944. C’est grâce à Paris-Match, qui souhaitait publier des images différentes de celles qui avaient jusqu’ici parues sur la guerre d’Indochine, que l’artiste put partir sur le terrain en 1952. Sans illusion sur son statut – « on était des zazous, pas des baroudeurs » confiera-t-il plus tard – Willy Rizzo s’assume non comme un reporter de guerre mais comme un photographe à contre-emploi. Il reste deux mois sur place où il couvre le conflit dans les villes de Hanoï et Saigon mais également lors de l’opération Lorraine et du siège de Na San.

Jouissant de son statut d’envoyé de Paris-Match, il peut circuler relativement librement sur le terrain et bénéficie d’une large liberté pour la réalisation de ses prises de vue. Bien que les résultats de son travail n’aient jamais été contrôlés, Willy Rizzo prend cependant régulièrement soin de dissimuler une partie de ses pellicules, craignant une possible censure de la part des autorités militaires. Le Service Presse Information (SPI) en Indochine mandatait en effet ses propres photographes sous statut militaire afin de fournir à la presse internationale des images du conflit. Plus qu’un simple organe de diffusion de documents illustratifs, le SPI était en réalité un véritable outil tactique et de propagande au service du Haut-Commissariat.

L’artiste s’attache alors à photographier la guerre d’une façon très différente de celle montrée par les photographes de l’armée. Les images nocturnes du couvre-feu à Hanoï ou de la protection des restaurants de Saigon, grillagés contre les attentats à la grenade, sont alors inédites. Sous son objectif, le camp retranché de Na San rappelle la guerre de tranchées vécue par les poilus de la Grande Guerre. L’image officielle d’une armée bien organisée et bien armée y est déconstruite pour montrer une réalité plus éprouvante et moins héroïsante.

Malgré le contexte martial, Willy Rizzo peut exprimer son talent de portraitiste, révélé dans ses portraits de Bigeard, Salan ou encore Valérie André, médecin militaire. Réalisées majoritairement en moyen format 6×6, ses photographies alternent le noir et blanc et la couleur. Publié à son retour, le reportage fut peu apprécié des autorités militaires en raison de sa liberté de ton.

Cet ensemble vient compléter deux fonds de photographies sur la guerre d’Indochine issus du SPI et d’une infirmière, photographe amateur. Leur étude croisée permettra une vision élargie des représentations de ce conflit.


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L'accès au Musée s'effectue par le 129 rue de Grenelle (de 10h à 18h) ou par la place Vauban (uniquement de 14h à 18h). Bonne visite !

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