Collections

Les chiens et l’Armée au fil des époques

A l'occasion de la journée mondiale des chiens, revenons sur le rôle des chiens dans l'Armée et les terrains militaires au fil des époques, de l'Antiquité à aujourd'hui.

Le chien est un acteur important du monde militaire. Son obéissance, son odorat particulièrement développé, l’agressivité potentielle de certaines races en font un allié très précieux pour le soldat. Bien que son utilité fasse l’unanimité, il a été employé de façons très variables suivant les époques et les armées.

 

De l’Antiquité à la Renaissance : le chien gardien

Il existe de nombreuses phalanges canines pendant l’Antiquité au Moyen Orient. Des molosses, notamment des dogues du Tibet, sont dressés par les Assyriens et les Perses et sont lancés sur l’ennemi. En Occident, malgré l’existence de hordes chez les Gaulois et les Germains, les chiens sont principalement dévolus à la garde des places fortes.

Au Moyen Âge et pendant la Renaissance, si les chiens ne combattent pas ou peu en Europe, ils sont en revanche abondamment utilisés pour contraindre les populations locales durant les guerres de conquêtes en Asie et en Amérique. Ils servent aussi à pourchasser les esclaves qui s’enfuient des plantations.

 

Vu la race, il pourrait s’agir du célèbre Moustâche (v. 1799-1810). En son honneur, une plaque commémorative a été installée, le 11 mars 2006, au cimetière des chiens d’Asnières-sur-Seine par les Amis du Patrimoine Napoléonien. © Paris, musée de l’Armée

 

 

Puis un animal de prestige, de chasse ou une mascotte…

Ce collier est gravé le nom de l’officier propriétaire de l’animal ainsi que celui du régiment. La qualité d’exécution de l’objet montre combien cet officier tenait à son animal. © Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / Pascal Segrette

Sous Louis XIV, bien qu’il existe en France un réel intérêt pour la cynophilie, le chien est avant tout un animal de prestige, d’agrément ou de chasse.

Au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, l’armée française ne possède pas de véritables meutes militaires mais de nombreuses brigades possèdent un chien mascotte. Les témoignages et les représentations de chiens accompagnant le quotidien des soldats abondent. On peut notamment citer un certain Moustâche, un barbet qui a participé à la majorité des campagnes du Directoire et du Premier Empire.

Pendant les guerres de colonisation en Afrique du Nord, les chiens sont à la fois utilisés par les colonisateurs et par les populations locales.

 

Sous-officiers de cuirassiers dans leur salle de réunion-cercle à l'intérieur d'un quartier de cavalerie de Maurice Louis Henri Neumont (1868-1930) (C) Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / image musée de l'Armée

 

 

Vers la diversification des missions

"Tambour-major de la Garde impériale et son chien" - Fragment du "Panorama de la bataille de Rezonville, le 16 Août 1870 "de Jean-Baptiste-Edouard Detaille (C) Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette

Durant la seconde moitié du XIXe siècle, la cynophilie se développe dans toute l’Europe.

Après la guerre de 1870, les Allemands se lancent dans le dressage systématique de chiens de guerre.

En raison de la prédominance des armes à feu sur le champ de bataille, les unités canines n’attaquent pas l’ennemi.

Leurs missions se diversifient : sentinelles, porteurs, patrouilleurs et estafettes chargées de la transmission des messages.

Il existe également des unités sanitaires qui sont chargées de retrouver les blessés et de leur porter secours.

 

 

L’établissement des unités canines

Alors qu’au début de la Première Guerre mondiale, l’Allemagne dispose de plus de 5 000 chiens dressés, la France accuse du retard. Le ministère de la Guerre ne croit pas au potentiel des unités canines mais se décide tout de même tardivement, en 1917, à créer des centres de dressage. Ces derniers donnent progressivement de bons résultats malgré une organisation un peu erratique.

En 1918, ces faits encourageants n’empêchent pas la démobilisation et la fin du dressage des chiens français.

"Aviateurs, soldat et chien sur un terrain d'aviation" de Jacques Philibert Pierre d'Harcourt (1891-1941)

 

En Allemagne, au contraire, est créé en 1938 le plus grand centre cynophile d’Europe à Kummersdorf. Des centaines de milliers de chiens de guerre y sont dressés, dont une partie servira de chiens de garde dans les camps de concentration.

 

La violence. Au dortoir, block 27. Décembre 1943 Ravensbrück, dessin de Jeanne Letourneau (1895-1979). © Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / Marie Bour

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la plupart des armées sont pourvues de chiens de combat. Les unités canines américaines se distinguent par leur férocité lors des attaques commando. Les Russes munissent leurs animaux de mines et les envoient vers les lignes ennemies pour y faire exploser les chars allemands tandis que les Japonais emploient des chiens pendant l’invasion de la Chine. À la fin du conflit, la France récupère 600 chiens allemands. Ils constitueront la base des unités canines employées pendant les guerres de décolonisation.

Brassard de maitre de chien du Quartier général du secteur français de Berlin, 2e moitié du XXe siècle. Paris, musée de l’Armée, Dist. RMN-GP / Pascal Segrette

 

 

Aujourd'hui...

Les chiens militaires existent encore aujourd’hui. Commandos, pisteurs ou démineurs, ils possèdent comme tout soldat un paquetage et un matricule.

Ils sont susceptibles d’être envoyés sur tous les terrains d’intervention.


Fermer la popup de notification

L'accès au Musée s'effectue par le 129 rue de Grenelle (de 10h à 18h) ou par la place Vauban (uniquement de 14h à 18h). Bonne visite !

En savoir plus