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Une récompense royale
L’ouverture des Cabinets insolites, où une salle est dédiée aux modèles d’artillerie, permet de réexposer des œuvres que les aménagements du musée de l’Armée avaient contraints à une période de repos en réserve. C’est le cas de ce très beau modèle d’artillerie, offert par le roi Louis XV à l’un de ses officiers, le marquis de Galliffet.
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En 1733, à la mort d’Auguste II de Pologne, une guerre éclate entre les partisans des deux candidats au trône : Stanislas Leszczynski, ancien roi de Pologne (1704-1709) soutenu par la France, l’Espagne et la Sardaigne, et Frédéric-Auguste II de Saxe, fils d’Auguste II, soutenu par la Russie et le Saint-Empire.
Les opérations militaires ont principalement lieu en Pologne, dans les États allemands et en Italie. Cependant, des combats navals ont lieu tout au long de la guerre [1]. C’est dans ce contexte que s’illustre Nicolas de Galliffet (1677-1745).
Au début de la guerre, cet officier d’expérience est capitaine de vaisseau et commande la frégate La Flore, un navire de guerre de 20 canons avec lequel il a déjà mené des combats en mer Méditerranée. En 1735, au large de Cythère, une île grecque située entre le Péloponnèse et la Crète, il affronte un vaisseau du Saint-Empire armé de 40 canons. Le combat dure près de quatre heures et voit le marquis de Galliffet en sortir vainqueur.
En récompense de cette victoire, Nicolas de Galliffet est fait Chevalier de l’Ordre de Saint-Louis, un ordre honorifique créé par Louis XIV pour récompenser les officiers les plus valeureux.
Louis XV lui offre également un modèle d’artillerie. Au 18e et au 19e siècle, les modèles d’artillerie pouvaient constituer des récompenses remise après un glorieux fait d’arme ou au terme d’une carrière militaire exemplaire. Ce modèle en bronze en est le parfait exemple. Intégralement ciselé, il reprend à l’échelle du 1/6e les proportions d’une pièce de marine de 12 livres.
Au premier renfort se trouvent les armes de Galliffet – de gueules, au chevron d’argent, accompagné de trois trèfles d’or – surmontées d’une couronne marquisale, tandis que le chiffre du marquis – les lettres N et G en miroir en anglaises entrelacées, également surmontées de la couronne marquisale – se situe sur la volée, finement ciselée et parsemée de fleur de lys. Cependant, ce magnifique objet n’est ni daté, ni signé.
Peu après sa victoire, Nicolas de Galliffet est nommé major du port de Toulon, puis, le 15 décembre 1744, chef d’escadre des Armées Navales. Selon le Dictionnaire de la noblesse, il avait la « réputation d’un des plus braves et meilleurs Officiers de Sa Majesté par la quantité de campagnes qu’il a faites et de combats qu’il a livrés aux ennemis de l’État d’où il est sorti toujours victorieux avec des prises considérables et souvent avec des vaisseaux inférieurs » [2].
En 1920, la comtesse de Galliffet fait don de ce modèle – ainsi que des registres d’ordre de la contre-guérilla française du Mexique des années 1865-1867 et d’une lettre autographe de Napoléon III au marquis de Gallifet – au musée de l’Armée, conformément au testament de son défunt mari, le maréchal Gaston de Galliffet (1831-1909).
Nota Bene
[1] : Cette guerre, appelée guerre de Succession de Pologne, voit les opérations militaires durer jusqu’à la fin de 1735, mais le traité de paix de Vienne – négocié en secret dès cette date – n’est ratifié par les belligérants que le 18 novembre 1738.
[2] : M. de la Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse, t. 7, Paris, Antoine Boudet, 1774, p. 54.