Léon Herschtritt, un regard sur les années gaulliennes

La souscription pour acquérir le fonds du photographe humaniste des années gaulliennes Léon Herschtritt est désormais terminée !

Du 15 septembre au 31 décembre 2023, le musée de l'Armée a lancé sur la plateforme de crowdfunding Ulule et en partenariat avec la Fondation Charles de Gaulle, une souscription afin d'acquérir 70 tirages originaux et 3 planches-contacts de Léon Herschtritt (1936-2020), photographe humaniste des années gaulliennes entre 1958 et 1970.

Photographe de l'après-guerre, son itinéraire emboîte le pas à celui d'une génération de "reporters-illustrateurs", stimulés par une presse florissante et les commandes dynamiques d'organismes d'État. De la guerre d'Algérie au Mur de Berlin, de l’Afrique de l’Ouest à Colombey-les-Deux-Églises, les photographies de Léon Herschtritt composent un album chargé d’histoire, empreint de la douceur et de l’humanité de son regard.

Parmi les sujets couverts par le photographe, la sélection s’attache tout particulièrement à la figure du général de Gaulle. Ses portraits, d’une rare intensité psychologique, saisis lors d’une de ses « tournées », incarnent le témoignage sensible d’un photographe capturant l’image intime de l’homme de 78 ans, au soir de sa carrière politique.

La souscription a permis de collecter 40 301 €, sur un objectif de 30 000 € grâce à la générosité d’une centaine de mécènes entreprises, fondations, associations comme particuliers. Un grand merci à eux !

 

Un fonds photographique issu des archives personnelles du photographe

Le musée de l'Armée acquiert ce patrimoine exceptionnel, qui jusqu'à présent a été conservé par l'épouse et le fils de Léon Herschtritt. Constitué de 70 tirages d’époque et de 3 planches contact, cette sélection réalisée parmi plus de trois cents épreuves a permis de prélever les sujets les plus saillants pour le musée de l’Armée au regard de ses axes d’enrichissement des futurs parcours.

À la façon d’un Capa ou d’un Doisneau, Léon Herschtritt a porté son tendre regard sur les à-côtés de l’Histoire, au travers de sujets qu’il affectionne – enfants, anonymes ou personnalités, scènes de rue, événements – tout en mettant en lumière les effets des conflits sur le quotidien des civils, un aspect supplémentaire que le Musée souhaite davantage présenter au public.

L’acquisition de ce patrimoine photographique exceptionnel met en valeur la carrière de Léon Herschtritt, le plus jeune photographe à recevoir en 1960 le prix Niépce – ce qu’il est toujours aujourd’hui – ainsi que d’enrichir notre compréhension de la période gaullienne en intégrant les futurs parcours du Musée inscrits dans le projet d’extension et de transformation MINERVE, en particulier « Colonisation décolonisation : une histoire en partage » et « Après 1945, de la Guerre Froide à nos jours ».

Un photographe humaniste ayant réalisé des portraits saisissants du général de Gaulle

Formé aux cours du soir de l’École nationale de la photographie, Léon Herschtritt commence sa carrière de photographe en 1956 influencé par le « réalisme poétique » du courant humaniste. Appelé pour son service militaire, il part pour l’Algérie mandaté par le ministère de l'éducation nationale pour former les Algériens à la photographie. Au cœur des "événements", il couvre en mission officielle les tumultueuses journées de mai et de juin 1958, à l'issue desquelles le général de Gaulle est rappelé au pouvoir et prononce son Je vous ai compris ! Partagé entre publicité, photographie de plateau et reportage, Léon Herschtritt photographie également des modèles célèbres. Parmi eux, une mention particulière peut-être accordée à la figure du général de Gaulle.

De ses « voyages en Province » à l’Élysée, jusqu’à sa dernière demeure à Colombey-les-Deux-Églises, celui que le Général surnommait « le photographe » en raison d’un patronyme à la prononciation ardue, a su capter, avec délicatesse et bienveillance, l’homme derrière la personnalité charismatique, dans ses attitudes et ses gestes, révélant une compréhension intime du chef d’état à la fin de son parcours politique.

« Noël à Berlin » : la Guerre froide retranscrite par l’image

« Je suis allé voir ce mur par curiosité. À part la Grande Muraille de Chine, c’était le premier mur qui existait, […]  J’étais très impressionné. D’abord parce que l’ambiance était horrible : on voyait les « vopos » surveiller depuis le mur…Et l’atmosphère était particulière aussi, la neige, le silence. »

Après un cours passage comme photographe permanent au sein du magazine France-Observateur en 1961, Léon Herschtritt, secondé par sa femme, se lance en indépendant et diffuse ses images dans le monde entier grâce à l’agence londonienne Camera Press qui le représente.

Léon Herschtritt apprend en août 1961 qu’un mur s’érige à Berlin et décide de s’y rendre à l’époque de Noël, à ses frais. Sur place, il découvre un autre monde fait de béton, de postes-frontières et de gardes en uniformes pris sous la neige hivernale et dans laquelle la vie quotidienne se fraie craintivement un chemin. Ses photographies dévoilent la nouvelle topographie de la capitale bicéphale, dans cette phase transitoire d’une ville désormais partagée mais qui permet encore des échanges, la séparation ne se présentant pas encore comme le système perfectionné du futur cloisonnement. À de nombreux endroits, on pouvait regarder à travers les fils barbelés et par-dessus ce mur, dit de « 1ère génération », se faire signe et se montrer à distance. Ces instants fugaces entre les êtres, mêlant chagrin et espoir, sont captés avec une grande tendresse par Léon Herschtritt, à l’image de cette photographie du couple juché sur le toit de leur voiture, faisant signe à des proches restés de l’autre côté, à Berlin Est, véritable symbole des drames humains de la Guerre froide.

 

« Impression d’Afrique » : Léon Herschtritt en commande pour l’État

En 1963, le ministère de la Coopération organise une mission et le recrute avec deux de ses confrères photographes, Philippe Billière et Henri de Châtillon, au bénéfice de la création d'une importante photothèque consacrée à quinze pays des anciennes colonies françaises en Afrique.

Pendant trois mois et grâce à un important soutien logistique aérien et terrestre, Léon Herschtritt sillonne sur plus de 140 000 kilomètres les cinq pays du territoire qui lui est dévolu : le Tchad, le Congo, le Gabon, la République Centrafricaine et le Cameroun. Les milliers de tirages réalisés feront l’objet d’une exposition intitulée « Impressions 1964 » au Musée de l’Homme à Paris avant de circuler dans le monde entier.

Les quelques photographies de cette période, objets d'une commande d'État, composent un instantané de la situation économique, culturelle et sociale des nouvelles républiques d'Afrique "d'expression française" au sortir des indépendances et permettront d’illustrer le futur parcours « Colonisation décolonisation : une histoire de partage ».

Merci à tous nos généreux donateurs !

Avec votre soutien, le Musée est en capacité d’enrichir ses collections permanente avec un fonds photographique unique permettant de perpétuer la mémoire des années gaulliennes au travers de l’objectif d’un photographe humaniste.

Ce succès a été rendu possible grâce au soutien de :

  • la Fondation d'entreprise La France Mutualiste
  • La Collection
  • Texel Strategic Restructuring
  • la Fondation Charles de Gaulle
  • la Société des Amis du musée de l’Armée
  • AGConseil

Et de tous nos donateurs individuels :

Olivier AUBRIET, Laurence BARATTE, Jean-François BASQUIN, Christopher BECKER, Dominique BELAIC, Cédric BELLOTTI, Nathalie BELLOTTI, Eric BONGERT, Juliette BONNET, Jean-Louis BOUFFETEAU, Éléonore BOURDEAU, Michel BRUNET, Romain CARLIER, Monique CARON, Arnaud CHAMPREMIER-TRIGANO, Marie-Hélène CHAZALVIEL, Caroline CORTES-GAC, Henri-Jean COUDY, Jeanne COUSSEDIERE, Alain COUTEROT, Marlène DERACHE, Didier DESLAIS, Guillaume DINKEL, Jean-Philippe DUFLOT, Clément DUHIN, Sylvie FERRANDEZ, Rémi FIANI, Delphine FOURNIER, Stéphanie FROGER, Daniela CARNEIRO FUENTES DE LEON Y LEON, Joachim GAUTIER, Vincent GAUTIER, Pierre GENICHON, Philippe GIRAULT, Axelle GIVAUDAN, Fabienne GREFF, Lionel GUERIN, Bernard HONORAT, Marc IRONDELLE, Jean-Felix JACQUENET, Gilles KAM-THONG, Michel KEMPF, Béatrice LAUBIER, Quitterie LE HAGRE, Jean-Claude LEBRASSEUR, Oriane LEFÈVRE, Sabine LENOIR, Bernard LOBET, Martine LOMBARD, Maryse MANAUD, Pierre MANENTI, Alain MANIER, Valérie MANIER, Maurizio MANOTTA, William MARRAS, Thierry MASSE, Henry de MEDLEGE, Jean MENDELSON, Jean-Michel MENET, Eric MERCIER, Béatrice MERCIER, Alain MIQUEL, Louis MOREAU DE SAINT-MARTIN, Thierry NAEL, Marie-Claire NICOSIA, Benedicte ONILLON, FREDERIC PALU, Pascal PETITJEAN, Yannick PLOURIN, Mauricio RIOS, Guillaume ROUMEGUERE, Caroline SALINAS, Florence SCHEIDECKER, Christine SEGUIN, Franck de SMET, Frédéric SIMIAND, Christine TARENNE, Lucile TAUVEL, Dominique THOMAS, Gérard TOUTIN, Juliette TSANG, Lucie VALENTIN, Armelle VALENTIN, Monique VAN DAMME, Ben Alexander VAN VEEN, Alain VENTURINI, Matthieu WAYSMAN et Olivier ZANG.

ainsi que tous les donateurs ayant souhaité rester anonymes.



Grâce au soutien de la Fondation du Judaïsme Français et de ses fondations abritées, la fondation Feldstein et la fondation Cil Lebel, le Musée a publié l’ouvrage Jamais deux fois le même regard. Léon Herschtritt (1936-2020) : photographies des collections du musée de l'Armée, co-édité avec Odyssée.

 

Contact

Mission Mécénat

Téléphone : +33 (0)1 44 42 38 81

Courriel : mecenat@nullmusee-armee.fr

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