Angélique Duchemin

Le destin exemplaire de la première femme à devenir chevalier de la Légion d'honneur.

Marie-Angélique Brulon, née Duchemin (1772-1859) (C) Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / image musée de l'Armée

Fille d’un soldat de métier, et née en 1772, Marie-Angélique suit son père, avec ses frères, dans les garnisons où il est affecté.

Elle épouse, à 17 ans, le caporal André Brûlon, du régiment du Limousin, en juillet 1789 à Ajaccio. En Corse, lors d’une escarmouche entre révolutionnaires et indépendantistes, il est grièvement blessé et meurt le 30 décembre 1791. Marie-Angélique, veuve à 19 ans, mère d’une petite fille et attendant son deuxième enfant, décide alors de rester au sein du régiment de son mari et de le remplacer.

La croyant folle par le chagrin les compagnons d’arme de son mari la laissent faire. Marie-Angélique devient ensuite caporal-fourrier, c’est-à-dire qu’elle est sous-officier en charge de l’intendance, tout en s’occupant de ses enfants. Elle prend part néanmoins aux combats et prouve sa bravoure à plusieurs reprises, comme le 24 mai 1794, où elle dirige la défense du fort de Gesco. Elle prend alors comme nom de combat Liberté et participe aussi au siège de Calvi où elle est grièvement blessée. Rapatriée en métropole, elle retrouve sa famille, sous les ordres du général Bonaparte. Malgré l’infirmité causée par sa blessure, elle poursuit son engagement, cette fois-ci dans l’intendance de l’armée d’Italie.

Mais le 14 décembre 1798, âgée de seulement 26 ans, souffrant encore atrocement de ses blessures, elle est admise à l’Hôtel des Invalides, où elle s’occupe du magasin d’habillement de l’institution militaire. Elle détonne dans cet univers de vétérans, mais elle participe à toutes les cérémonies, et à chaque visite d’une délégation officielle, on passe la saluer. Napoléon lui refuse cependant la Légion d’honneur, pourtant demandée par les gouverneurs successifs.

Sous la Restauration, elle reçoit l’épaulette d’officier, l’intégrant ainsi officiellement à l’armée française. Louis XVIII la décore également du Lys, mais il faut attendre le 15 août 1851 pour qu’on lui accorde enfin la Légion d’honneur.

C’est le futur Napoléon III qui vient en personne la lui remettre, faisant de la veuve Brûlon, âgée de 79 ans, la première femme à devenir chevalier de la Légion d’honneur. Marie-Angélique terminera sa vie aux Invalides, entourée de ses compagnons d’armes et vêtue de son uniforme jusqu’à sa mort le 13 juillet 1859.

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