Pierre Baudry

Jeune soldat aux qualités de combattant reconnues par ses supérieurs, Pierre Baudry s’est aussi illustré par le crayon, dès sa jeunesse et pendant la Première Guerre mondiale. Le musée de l’Armée conserve deux témoignages de ses talents précoces.

Né à Sens le 26 avril 1897, Pierre Baudry n’attend pas sa mobilisation pour contribuer à l’effort de guerre et devient infirmier volontaire à l’hôpital géré par la Croix-Rouge à Sens en 1914. Il s’engage le 25 juin 1915 au 7e régiment de dragons.

Il intègre par la suite un escadron de mitrailleurs du 12e régiment de cuirassiers, à partir du 12 juin 1916. « Brigadier mitrailleur au-dessus de tout éloge aussi bien pour ses vertus militaires que pour ses vertus morales  », Pierre Baudry est décoré de la croix de guerre en 1917 et cité à l’ordre du régiment à deux reprises, le 27 juillet 1917 et le 25 juin 1918.

Une vision artistique de la guerre

Féru d’art et d’histoire, il devient membre correspondant de la Société archéologique de Sens en 1917 pendant qu’il est sur le front. Il fait part à ses membres, dans des « lettres très artistement illustrées de dessins  » de découvertes archéologiques fortuites (sépultures gallo-romaines mises à jour en creusant un boyau ; séance du 2 avril 1917) ou partage l’ « l’impression d’un combattant devant la cathédrale de Reims » (séance du 8 octobre 1917).

L’histoire de Pierre Baudry est étroitement liée au journal de tranchée Le Gafouilleur, dont il est l’un des membres fondateurs et le principal illustrateur. Publication bimensuelle de quatre à huit pages, Le Gafouilleur, Organe des moulins à café puis Organe de la mitraille, paraît à partir du 15 mars 1916 jusqu’au 1er juin 1918 (n° 48). Dans ses dessins, il raconte le quotidien des soldats dans les tranchées avec beaucoup d’humour. Le musée de l’Armée conserve dans ses collections un carnet de dessins de Pierre Baudry, préparatoires pour les illustrations du  Gafouilleur.

 

Un dessinateur précoce

Le musée de l’Armée conserve également un autre carnet intitulé La guerre franco-allemande en l’an 1920, rédigé par Lucien Sinard et illustré par Pierre Baudry en 1909-1910. Véritable roman d’anticipation de deux enfants, cette histoire prévoit la guerre entre la France et l’Allemagne en 1920, guerre sur terre, sur mer et dans les airs. Ce carnet est divisé en seize chapitres rédigés sur une page avec une illustration en vis-à-vis du texte. Le récit évoque plusieurs batailles mêlant guerre de siège et charges de cavalerie à des aspects plus modernes (combats aériens), jusqu’à la marche des armées françaises sur Berlin, la victoire finale et la signature du traité de paix à Potsdam prévoyant la restitution de l’Alsace et de la Lorraine ainsi que « 10 milliards en pièces d’or. » .

 

Si Baudry avait anticipé la victoire française sur les Allemands en 1920, il ne verra pas celle-ci arriver en 1918. Il est tué au combat, dans l’Aisne, le 29 mai 1918. Le lendemain paraît le dernier numéro du Gafouilleur, dans lequel un hommage lui est rendu par ses camarades, avant l’arrêt définitif de la publication.

 

Texte rédigé par Laëtitia Desserrières

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